La Ruhr, une région industrielle historique..
La région de la Ruhr est une aire urbaine dense
de l'ouest de l'Allemagne. Elle est le premier bassin industriel
d'Europe de l'Ouest et regroupe plusieurs grandes villes (Duisbourg,
Oberhausen, Bottrop, Mülheim, Essen, Gelsenkirchen, Bochum, Herne,
Hamm, Hagen et Dortmund) qui forment une conurbation de 5 203 100
d'habitants. Cela en fait la première d'Allemagne et la sixième
européenne (après Moscou, Istanbul, Paris, Londres et Milan) par le
nombre d'habitants. Elle s'étend sur 3 484 km² ou 4 435 km² selon
les sources.
Les richesses du sol ont fait de la Ruhr une des
régions les plus riches d’Allemagne. L’industrialisation a
débuté au XVIIIe siècle avec l’ouverture de plusieurs mines de
fer et de charbon. Le développement de l’exploitation des
gisements de charbon de la Ruhr accompagna la future expansion de son
industrialisation métallurgique et sidérurgique. Vers 1850, plus de
300 mines de charbon étaient en activité dans toute la région. Les
employeurs recrutaient des milliers de travailleurs pour les mines et
les industries sidérurgiques au fur et à mesure de leur croissance,
et la population augmenta rapidement pour devenir la plus grande
région industrielle d’Europe. Avant la Seconde Guerre mondiale :
la Ruhr produit 130 millions de tonnes de charbon par an, contre 79
millions de tonnes pour la France et la Belgique réunies et 15
millions de tonnes d’acier par an, contre 8,5 millions de tonnes
pour la France et la Belgique. Avec la seconde Guerre Mondiale et la
guerre froide, les activités industrielles et minières ne baissent
pas et les ouvriers continuent d’affluer. En effet, il faut de
l’acier pour les voitures et les armes.
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| Aciéries et hauts-fourneaux de Bruckhausen à Duisburg (1991) |
..frappée de plein fouet par la crise du charbon..
Mais à partir des années 1957, un siècle seulement après cet essor industriel, survient la crise du charbon, ce qui déclenche une rupture économique dans tout le bassin de la Ruhr. L’évolution de l’approvisionnement énergétique allemand, en particulier l’utilisation croissante du pétrole, et les importations de charbon bon marché de pays tiers, font décroître la demande en charbon intérieur. Les 140 mines de 1957 fermeront peu à peu pour n’être plus qu’au nombre de 7 en 2000, avec un charbon local trois fois plus cher que le charbon d’importation. La région subit ainsi avec violence les changements structurels de la seconde moitié du XXe siècle. En 1988, son territoire est très fortement touché par cette crise économique qui sévit dans le secteur industriel de l’acier et du charbon. Les fermetures de sites se succèdent à des rythmes très rapides, faisant grimper les chiffres du chômage de la Ruhr, qui souffre particulièrement de cette situation du fait de sa mono-structure industrielle.
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«D’abord meurt la mine, puis la ville», indiquent les panneaux de ces personnes protestant contre une fermeture supplémentaire dans la Ruhr. |
Ces crises ont
laissées des traces, car l'hémorragie fut terrible par endroit. La
seule ville de Duisburg a perdu 80 000 emplois industriels dans les
années 70-80. « La Ruhr est à l'Allemagne ce que le Nord -
Pas-de-Calais fut à la France aux temps de sa splendeur
industrielle. Un territoire hérissé de puits de mine
et de monstres sidérurgiques où les terrils dessinent le paysage et
où la pollution fut telle que la rivière Emscher qui le traverse
était devenue un véritable égout à ciel ouvert. ».
Pour Ralf Meurer, directeur de la société de développement économique de Duisbourg, « Pendant longtemps, naître ici, c’était la garantie d’un travail salarié » mais la crise du charbon a tout bouleversée. Aujourd’hui la Ruhr veut croire en son avenir, un avenir sans les barons du charbon et de l’acier.
Pour Ralf Meurer, directeur de la société de développement économique de Duisbourg, « Pendant longtemps, naître ici, c’était la garantie d’un travail salarié » mais la crise du charbon a tout bouleversée. Aujourd’hui la Ruhr veut croire en son avenir, un avenir sans les barons du charbon et de l’acier.
.. en passe de réussir sa reconversion..
Grâce
à une succession de projets de transformation, c’est tout le
bassin de la Ruhr qui renaît de ses cendres. Il s’agissait d’un
territoire en difficulté économique et sociale, à la fois enclavé
et désindustrialisé. La Ruhr assistait impuissante à une
dépopulation galopante. La région se redéploie donc tout d'abord vers les usines, puis vers les services et les hautes technologies. Quelque 120 projets ont été réalisés sur
93 sites différents, principalement entre 1990 et 2000.
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Le gazomètre d’Oberhausen
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Fondée en 1998, la
fondation « Stiftung Zollverein » se consacra bientôt à la
conservation et à la reconversion de ce monument industriel
d’exception. Avec succès puisque le site est aujourd’hui l’un
des pôles culturels de la région de la Ruhr et un musée vivant de
l’histoire de l’exploitation minière et du développement de
l’architecture industrielle. Mais l’ancienne mine n’est pas
seulement un monument de design en soi : avec le musée Red Dot
Design qu’elle abrite dans ses murs, c’est la plus grande
exposition de design contemporain au monde qu’elle associe
désormais au patrimoine culturel mondial de l’UNESCO. C’est ici
aussi qu’est décerné le prestigieux Red Dot Award qui récompense
chaque année les meilleures créations de design.
..malgré quelques points toujours délicats.
Mais
les succès ne disent pas tout , la reconversion de la Ruhr, depuis
les années 1960, s’est faite dans la douleur et certaines
blessures restent vives. Le chômage n’a pas disparu, la première
conurbation d’Allemagne, avec plus de cinq millions d’habitants,
enregistre un taux de chômage de 11%, contre un peu plus de 8% dans
l’ensemble du Land et 6,6% à l’échelle nationale.
La
Ruhr pâtit également, depuis cinquante ans du départ des jeunes
qualifiés vers des régions plus dynamiques, comme le
Bade-Wurtemberg ou la Bavière. Sont restés les moins qualifiés et
les plus âgés. Retenir les diplômés des universités d’Essen ou
de Bochum apparaît comme le grand défi des années à venir.
Au
niveau culturel, la culture de l’entrepreneuriat reste à
développer. En effet, les barons du charbon et de l’acier
prenaient en charge la vie de leurs travailleurs. Ce paternalisme a
ainsi marqué les mentalités. Ce qui fait réellement défaut à la
Ruhr, c’est une identité partagée. Ce n’est pas une métropole,
mais une conurbation morcelée qui possède une grande histoire
minière commune.
Sources :
Article Nord Eclair :
Article VoxEurop :
Article La Croix :
Page Wikipédia :
Article « Regard d’architecte » par Adrien Buchet :
Article Le Monde.fr :
Article Made for Minds :
Article Commerce
International :











